Éditeur original : Tusquets Editores, Barcelone, Espagne, 2001
Actes Sud, 2002, pour la traduction française.
Traduit de l’espagnol par Elisabeth Beyer et Aleksandar Grujićić

Pour éclairer une partie de cette œuvre, il faut sans aucun doute se pencher sur la notion de héros, et comment un héros peut-il être défini comme tel ? Une question qui paraît primordiale dans le processus de création de Cercas. Passons la définition mythologique, un héros est un « homme digne de l’estime publique, de la gloire, par sa force de caractère, son génie, son dévouement total à une cause, une œuvre » (Robert 2004). Dès lors un simple inconnu ne semble pas pouvoir prétendre à un tel rang. Dans Les Soldats de Salamine, jusqu’au bout et malgré les preuves presque irréfutables, Miralles refuse de dire qu’il est le soldat ayant laissé vivre Sánchez Mazas, il refuse d’être le héros, et d’une certaine façon d’être le héros de la dernière définition du dictionnaire, celui du livre, qui est un récit réel, réel ! martèle Javier Cercas. Il semble y avoir un lien entre tous ces héros, ce récit réel et la rencontre avec Bolaño, auteur de La Littérature nazie en Amérique – je le souligne car il s’agit d’un recueil de textes aux apparences biographiques, alors que tout n’est que fiction : je sous-entend en chuchotant que Javier Cercas ait peut-être suivi les conseils de Bolaño et inventé la fin du récit… Cela est une hypothèse probable, et peut-être que sa rencontre avec Miralles n’a jamais eu lieu… Même si – parce que j’adore débattre contre moi – Bolaño avoue aussi, au début de sa rencontre avec Cercas, qu’un bon écrivain n’est pas un écrivain avec de l’imagination mais un écrivain ayant une bonne mémoire.
Mais ce qui reste une certitude, c’est la volonté de Cercas de sortir les morts et les héros inconnus de l’oubli. Une réussite totale.