Santé mon ami
à ta nouvelle vie
santé et frappons
nos petits verres d’eau
plions en recueil les années
comme on range les affaires d’un mort
et partons silencieux
il n’y a plus rien à se dire
Santé homme sobre
les draps sont retournés
et ta tête essorée
coule au fond de l’assiette
où la soupe reflète
un sourire défait
Santé ô jeunesse lointaine
à la peau immortelle
qui recrachait de ses plaies
les larmes et les plombs
quand voguaient dans les veines
mille sangs étrangers
Santé ô santé
que n’avons-nous besoin de tes baumes
tes coffres et tes formols
libère donc la fureur
par le feu de l’alcool fort
je veux entendre encore
la voix des écorchés