Denoël (Gallimard), 2000

Elles sont comme enfermées à demeure, mère et fille demeurées, dans cette petite maison d’objets utiles et de rangements pratiques, animées seulement de quelques gestes mécaniques, instinctifs. L’intérieur de leur tête est sombre, l’intérieur de leur tête est cousu d’étoiles filantes, mais c’est un ciel qu’elles partagent et que personne d’autre ne peut voir. Elles y sont bien, elles s’y tiennent chaud. Dehors, la vie passe et elles n’en savent rien.
La mère, on l’appelle la Varienne, ou encore l’idiote du village. La petite fille, c’est Luce. Elles partagent tout, chaque chose de la demeure, les murs à face unique, le lit. Mais ce cloisonnement ne peut durer éternellement. La petite Luce doit aller à l’école, c’est obligatoire, la stupidité n’est pas héréditaire, Mademoiselle Solange, l’institutrice du village ne peut le croire, ne veut le croire, et ainsi décide-t-elle de prendre en main la fillette. Un bouleversement qui va fragiliser l’harmonie brute qui les maintenait perpendiculaires. Tout va chanceler, la faille est ouverte, le marteau a frappé, là, il tremble encore, éducation !
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Les Demeurées • Jeanne Benameur
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